samedi 26 avril 2008

Le grand départ

C'est le dernier jour tous ensemble avant la séparation.
Une fois n'est pas coutume, nous partons pour 8 jours chacun de notre côté : Eponine et Sidonie vont à Djerba avec mes parents pendant que Régis et moi irons randonner dans l'Atlas Marocain avec l'agence Terres d'Aventure.
A bientôt!

vendredi 25 avril 2008

Les amis

Bon, les filles étant guéries, il va falloir les occuper pour cette première semaine de vacances.

Jeudi, ma copine de bureau Carole nous rend visite avec ses deux filles, Alice, 2 ans et demi, et Julia, 6 mois. Eponine est ravie de jouer à la petite maman avec le bébé et mais entre Sidonie et Alice, ce n'est pas gagné : la Sido n'est pas prêteuse, c'est là son moindre défaut. Le partage des jouets s'accompagne de hurlements stridents de ma fille, qui se découvre une passion soudaine et dévorante pour toutes les bricoles qui intéressent Alice. Finalement, ce n'est que lorsque nous décidons d'aller faire un tour dehors que les filles trouvent leur terrain d'entente : Alice, pas rancunière, donne la main à Sidonie, qui lui tend sa menotte de bonne grâce.

Vendredi, c'est au tour d'Isabelle et ses filles Joanne, 5 ans et Lucine, 2 ans et demi, de partager le goûter avec nous. Dès que Sidonie est hors de sa vue, Lucine, inquiète, s'écrie de sa petite voix pointue : elle-est-où-si-doo-nie?

Et le soir, événement rarissime : nous sommes invités à MANGER chez parrain Christophe! Christophe a mis les petits plats dans les grands : il a choisi les fruits et la marque des pâtes... et sa petite amie Laure a fait le reste. C'était très bon et ça changeait des nouilles à la sauce Buitoni.
Merci Laure.

mardi 22 avril 2008

Quand les filles sont malades

Les vacances sont enfin arrivées, mais après Sidonie, la diarrhée a fait une nouvelle victime : Eponine.
Les voilà donc, toutes les deux, en pleine convalescence sur le balcon.

dimanche 20 avril 2008

Les deux héroïnes du jour

J'ai nommé : Colette et Mamie G., qui fêtent toutes deux leur anniversaire. Et comme il ne faut pas perdre les bonnes habitudes, c'est l'occasion d'un excellent repas bien arrosé.

Autre événement de la journée : la visite de Gaël et Laure, installés depuis peu à Aix-en-provence et de passage à Paris. On a plaisir à les revoir, toujours identiques à eux-mêmes, et à faire connaissance avec leurs deux fils, Killian et Elliot.

La seule qui n'est pas à la fête, c'est Sidonie, victime d'une diarrhée qui rappelle les chutes du Niagara les jours de grande crue. Après avoir épuisé un petit stock de vêtements de rechange, elle finit tout de même par s'endormir dans sa poussette, tandis que nous faisons une balade sur les bords de Marne avec tous les enfants. Juju et Eponine jouent au foot, Matéo fait du roller et Lilie... insiste pour être dans les bras.

vendredi 18 avril 2008

La Schroumphette est de retour

Ce matin, le centre social de Villaine organise une activité "lecture à la demande" pour les bébés avec une bibliothécaire. Au bout de 45 minutes, Sidonie en a assez et semble plus intéressée par l'activité "fleurs en papier crépon" qui a lieu dans la pièce à côté. Les dames, amusées, lui donnent gentiment un échantillon de papier bleu indigo pour qu'elle s'amuse avec. Fatale erreur : quelques minutes plus tard, je la retrouve machouillant le papier, la figure, les mains et la langue toute bleue!
Naturellement, cela ne s'en va pas à l'eau et au savon, ce serait trop simple. Quatre cotons et mon lait démaquillant "purifiant à l'acide salycilique" seront nécessaires pour venir à bout de cette mystérieuse maladie de peau.

mardi 15 avril 2008

Le petit chat est vivant

Ca y est, Sido a définitivement adopté le chat électronique en peluche, qui miaule, ronronne et agite la queue, qu'Eponine a reçu en cadeau pour Noël.
Elle lui parle doucement, le caresse, le serre dans ses bras, le traîne par la queue et de temps en temps, par provocation, lui tire les moustaches. Dans ce cas, la bestiole est programmée pour grogner en écarquillant les yeux mais cela n'impressionne pas ma Sidonie.
Eponine, grand seigneur, laisse faire et commente, amusée :
- Elle croit que c'est un vrai!

Les p'tits surnoms

Tous les psys le disent avec raison : il faut éviter de coller des étiquettes aux enfants.
Que cela ne nous empêche pas de donner des sobriquets idiots et affectueux à nos petits monstres.

Eponine : Louloute, Poninette, Epopo, mon canard, Choupinette, mon canari bleu, mon loulou

Sidonie : Poupoune, Boulette, Mietor, Sido(do), Chipoune, Choupette, Chikungounia, Kiki la cocotte

lundi 14 avril 2008

Sorties d'école

Il y a ceux qui attendent sagement auprès de leur maîtresse que leur maman ou leur nounou apparaisse à la grille et qui prennent congé de leur enseignant d'un petit signe discret de la main.
Il y a ceux qui se précipitent à l'extérieur de l'école sans se soucier de savoir si quelqu'un est venu les chercher et dont les yeux semblent dire, en franchissant le portail : "Ouf, enfin libre!"
Il y a ceux qui ne sont pas pressés de sortir et qui continuent de s'amuser dans la cour, comme si de rien n'était.
Il y a ceux qui doivent se dépêcher car ils ont tennis /orthophoniste /violon /danse.
Il y a ceux qui bourrent leur cartable de coups de pied vengeurs ou qui jettent leur sac comme un poids mort à plusieurs mètres de distance.
Il y a ceux qui passent la grille en se tenant la main, ou bien bras dessus-bras dessous.
Il y a ceux qui courent pour rattraper leur meilleur copain.
Il y a ceux qui courent pour échapper à leur grande soeur.
Il y a ceux qui sortent en sautillant, légers comme des plumes, les épis et les couettes au vent.
Il y a ceux qui ont les yeux rouges d'avoir pleuré et une grosse égratignure sur le front.
Il y a ceux qui, dès qu'ils aperçoivent leur mamie, s'écrient en se lèchant les babines : "Il est où, le goûter?!!"
Il y a ceux qui, dès la sortie, se font houspiller : "Ferme ton manteau! Traîne-pas ton cartable par terre! Marche pas dans la boue! Qu'est-ce que tu as fait de ton écharpe? D'où sort cette tache, là, sur ton pantalon?"
Il y a ceux qu'on bisoute, qu'on caresse : "Ca va mon chéri, tu as passé une bonne journée? Regarde, je t'ai apporté un pain au chocolat!"
Il y a ceux qui paradent : "J'ai eu un bon point! Et puis j'ai battu ma copine à la course! Et j'avais fini mon travail avant les autres, alors j'ai fait un beau dessin!"
Il y a ceux qui restent à l'étude du soir et aimeraient mieux rentrer chez eux.
Il y a ceux qui ne restent jamais à l'étude et aimeraient bien savoir comment c'est.
Il y a ceux qui pensent à leurs devoirs pour le lendemain.
Et d'autres qui se disent : chouette, demain, c'est Mercredi!

samedi 12 avril 2008

L'Ecole et le Désert

Ce matin, exceptionnellement, Eponine n'a pas cours car la maîtresse remet aux parents, en main propre, le livret scolaire de leur enfant. A 9h20 pile, l'heure de notre rendez-vous, nous rejoignons d'autres parents d'élèves devant la classe et lorsque notre tour arrive, Eponine et Sidonie sont en train de jouer à chat dans le couloir avec un petit garçon. La maîtresse nous explique que le travail d'Eponine est satisfaisant mais qu'elle pourrait faire beaucoup mieux si elle se concentrait davantage, notammment pour écouter les consignes. Je regarde ses évaluations : elle a "A" dans les exercices de lecture, compréhension de texte, production écrite et calcul, ainsi qu'en biologie, expression artistique et éducation physique ; elle a "B" en écriture, en orthographe et dans certains exercices de géométrie où il faut tracer des traits (les siens sont un peu courbes) ; elle a "C" à l'exercice "piège" de lecture de consignes (elle a barré ce qu'il fallait entourer) et entre "B" et "C" pour ce qui est des méthodes de travail (concentration, attention, persévérance..). La maîtresse conclut en souriant :
- Je sais qu'elle est capable d'attention soutenue car quand il s'agit de dessiner un cheval, j'ai tous les détails du cheval, les yeux, les dents, le harnais, la crinière, la queue, les sabots, l'herbe sur laquelle il marche, les petites fleurs, les nuages dans le ciel, et tout cela en couleurs!

De retour à la maison, Eponine écrit sur son tableau "Je dois" d'un côté, "Je ne dois pas " de l'autre et je l'aide à remplir chaque colonne.
L'après-midi, nous allons à Guyancourt dire au revoir à "Tonton Nicolas", qui part Lundi comme expatrié au Qatar et ne reviendra pas avant un mois. Depuis le temps qu'il attendait cela, il est ravi. Eponine monte au grenier avec son grand-père et en redescend avec une boîte de Playmobil "ambiance désert", qui était à Nico et moi quand nous étions enfants : palmiers, jeep, tapis d'orient et costumes de cheiks arabes. Elle demande :
- C'est là qu'il va aller, Tonton? Ouah, trop de chance. Y'aura des chameaux?

vendredi 11 avril 2008

Barbie New generation

Eponine joue dans sa chambre avec Sidonie. Je passe la tête par l'embrasure de la porte pour voir si tout va bien et Eponine m'explique, enthousiaste :
- On joue à la Barbie. Tu vois, Barbie était en congé parental pour s'occuper de son bébé mais là, c'est son premier jour de travail parce qu'elle a trouvé une super nounou.
Sidonie me sourit en bombant le torse, fière comme un pape.
Eponine poursuit :
- Bin oui, sa nounou, c'est Sidonie.

jeudi 10 avril 2008

Défilé éthique et chic

Embarquée par ma copine (et ancienne voisine) Magalie, me voilà, à 20h30, derrière un stand à vendre du chocolat, du café et du thé issus du commerce équitable et distribués par l'association Sol et Sud. Ce soir, deux étudiantes en BTS organisent un défilé de vêtements de marques équitables à la Salle des Mariages de la Mairie et Sol et Sud, dont Magalie est depuis peu trésorière, s'est associé à l'événement.
Une cinquantaine de personnes assistent au défilé, dont le Maire de Massy et plusieurs de ses adjoints, la proviseure du Lycée et un photographe municipal. La soirée est très pro et bien organisée, les mannequins amateurs sont dans l'ensemble assez à l'aise et extraverti(e)s et j'aime beaucoup le style des vêtements exposés, à la fois casual, chic et original. Pourtant, en regardant les filles traverser la piste, je ne peux m'empêcher de penser que défiler, c'est un vrai métier : à certains moments, les apprenties mannequins ont des mouvements fluides, élégants et naturels ; la seconde d'après, leur spontanéité a disparu et leurs gestes paraissent maladroits et empruntés. Dieu sait que je n'aimerais pas être à leur place!
A l'issu du spectacle, toute l'équipe municipale vient "défiler" devant notre stand pour acheter du chocolat et discuter des prochains événements de la Semaine du Développement Durable.
De retour chez Magalie, on s'installe devant un petit café et on refait le monde jusqu'à minuit.

mercredi 9 avril 2008

La petite souris est morte

La scène se passe à table.

Eponine, de but en blanc :
- Eh ben moi, je crois que ce n'est pas la petite souris qui apporte la pièce quand on perd une dent. Moi, je pense que c'est les parents qui mettent la pièce dans la petite boite à dents. (Elle regarde son père) Hein, c'est vrai ça, papa?
Régis, pris au dépourvu, ne sachant que répondre, s'embrouille et essaie de détourner la conversation.
Je viens à sa rescousse :
- Tu as raison ma chérie, tu as bien deviné. La souris est trop petite pour apporter la pièce. Ce sont les papas et les mamans qui s'en chargent.
Je caresse la tête de ma fille.
Eponine, semblant satisfaite :
- Je le savais. (Soudain curieuse) Mais au fait, qui c'est qui a mis la pièce pendant que je dormais? C'est papa ou c'est toi? Parce que je n'ai rien vu, rien entendu!
Moi, pas peu fière :
- Hé hé, c'est moi! Sur la pointe des pieds!

Je regarde Régis, heureuse et puis aussi un peu triste.
Bientôt, ce sera le tour des cloches de Pâques puis du sacro-saint Père Noël de rejoindre le néant de la rationnalité. Bientôt, on ne pourra plus raconter des histoires abracadabrantes à Eponine sans qu'elle nous lance un "Peuh, ça s'peut pas!" dédaigneux. Bientôt, elle ne pouffera plus de rire à table en nous tendant, les yeux brillants de malice, des pots de yaourts vide ou des oeufs coque déjà mangés accompagnés d'un "Tu en veux, regarde, il en reste un!" jubilatoire. Bientôt, elle ne croira plus que son papa et sa maman ont connu le "temps des Rois et des Reines". Bientôt, elle aura quitté le monde merveilleux et terrifiant de la petite enfance.
Doucement, sans qu'on s'en rende compte, elle aura grandi, tout simplement.

Mais heureusement, ce jour-là, tout recommencera avec Sidonie!

lundi 7 avril 2008

Trois BDs

Planter des clous de Manu Larcenet
Ceux qui ont lu les trois premiers opus du "Combat ordinaire" attendent forcément avec impatience ce dernier tome de la saga de Marco-le-photographe-névrosé-qui-vit-à-la -campagne.
Et ils ne seront pas déçus, car il clôt le cycle en beauté.
Quant à ceux, s'il y en a encore, qui ne connaissent pas Manu Larcenet, précipitez-vous pour acheter les quatre albums de ce "Combat ordinaire" et dégustez-les sans modération. C'est beau, gai et triste, comme les "Mistrals gagnants" de Renaud. C'est vrai, c'est léger, c'est dur, ça fait chaud au coeur et mal au ventre. Personne ne ressemble à Marco et pourtant, Marco, c'est chacun d'entre nous. C'est la vie, la mort, la famille, l'amour, l'amitié, la culpabilité comme si vous y étiez.
Riez, pleurez, méditez. Et puis demandez-vous ce que c'est, pour vous, que de "planter des clous".
"Y'a pas à dire, quand elle n'est pas hideuse, la vie est magnifique"
"Nous ne pourrons pas nous passer de l'essentiel bien longtemps"

Blankets
de Craig Thompson
USA, années 70. C'est l'histoire douce-amère, miraculeuse, d'un premier amour. Celui qu'on ne vit qu'une fois - et encore, quand on a de la chance. Celui qui nous saisit et ne nous lâche plus, en dépit de la famille, de la société, de la religion, du bon sens. Celui qui nous construit, nous fait souffrir et nous aide à devenir adulte. Et qu'un jour on oublie, comme cette couverture patchwork au fond d'un vieux carton.

Là où vont nos pères de Shaun Tan
Grand Prix du dernier Festival d'Angoulême, "Là où vont nos pères" est un curieux et merveilleux album sans parole, sans bulle et sans bruit, qui raconte l'histoire universelle, tantôt tragique, tantôt exaltante de tous ces pères exilés qui décident de s'installer "ailleurs" pour faire vivre leur famille. Avec poésie et originalité, l'auteur nous fait revivre l'ambivalence des sentiments des immigrés arrivant en pays inconnu : l'angoisse de ne rien comprendre à des coutumes et à un language étranges, et l'émerveillement devant tant de nouveauté et d'exotisme. Et l'espoir, toujours, de s'en sortir et de réunir à nouveau sa famille.

samedi 5 avril 2008

C'est la fête

Voilà ce qui se passe quand Régis emmène les filles au "marché gourmand" des Printanières, à Massy-Opéra. Je n'y étais pas (je jouais au tennis) mais à défaut de vous le raconter, je peux toujours vous le montrer.





jeudi 3 avril 2008

Quelques nouvelles des filles

Eponine :

- son prof de menuiserie du mercredi matin l'a trouvée soudainement "grandie", en route pour l’âge de raison.
- après la menuiserie, elle a commencé la poterie et a trouvé cela "rigolo mais gadouilleux".
- elle lit très bien, désormais en complète autonomie et fait ses devoirs en 3 minutes chrono.
- après 6 mois de cours d’escalade sans souci, elle se met à avoir le vertige : elle n’a aucun problème pour monter mais ne parvient plus à se lâcher pour redescendre !
- elle a participé à son premier concours de dessin : il s’agissait de dessiner une tenue vestimentaire, belle et originale. Sa robe de princesse est magnifique, pleine de détails et d'accessoires.


Sidonie :

- dans sa bouche, des bribes de phrases commencent à faire leur apparition : "c'est froid", "veux pas", "celle-là", "fait bobo", "j’ai faim". Naturellement, il faut des oreilles bien entraînées pour la comprendre mais c’est un début.
- elle me fait, pour rire, des bisous sur la bouche puis éclate de rire.
- elle se baigne dans les flaques d'eau : sautant dedans, comme à son habitude, à pieds joints, elle a glissé et est tombée, fesses les premières, dans une petite mare de boue. J’ai récupéré une Sidonie toute penaude, trempée et boueuse des pieds à la taille, ressemblant à un oisillon mazouté, qui s’est mise à pleurer à chaudes larmes quand j’ai refusé de la prendre dans mes bras (par quel bout la prendre ?).

Résultat : trois couches de vêtements à changer.

mercredi 2 avril 2008

Les Ephémères

Moi, le Marathon de Paris, c'est aujourd'hui mercredi que je le cours :
- Matin : préparer les filles et leurs affaires de la journée, petit-déj, emmener Eponine à son cours de poterie, faire quelques courses, donner à manger à Sidonie, aller rechercher Eponine, conduire jusqu'à Guyancourt. Là, on mange tranquillement avec mes parents. Et puis hop, il faut repartir.
- Après-midi : je conduis Maman et les filles jusqu'à Chevreuse, où on retrouve Mamie pour la maintenant traditionnelle chasse aux oeufs de Pâques, organisée par la maison de retraite pour les enfants et les personnes âgées. Mamie est impatiente de présenter ses arrières-petites filles à tout le monde et ne nous laisse pas le temps de souffler. Eponine va gentiment embrasser toutes les dames qu'elle connaît et Sidonie lance un "coucou" sonore à la cantonnade. Puis Eponine retrouve des copains de son âge et tous se précipitent avec leurs paniers pour débusquer les oeufs, les seniors sur leurs talons. A17h10, je récupère mes filles avec bien du mal et ramène Maman à Guyancourt.
Soirée : je repars en direction de Créteil et vais rejoindre quelques milliers de voitures pare-choc contre pare-choc sur l'A86. Une bonne heure plus tard, j'arrive enfin chez Colette, qui doit garder les enfants pendant que Régis et moi allons au théâtre. Hop hop, je dépose mes deux colis (piégés?) et leurs pyjamas, doudous et tétine, je règle mon GPS et zou, je repars pour la Cartoucherie de Vincennes où Régis m'attend déjà avec les places réservées.

Tout ça pour dire que ma soirée théâtre, je l'ai bien méritée.
Et ça tombe bien car le spectacle du Théâtre du Soleil, mis en scène par Ariane Mnouchkine, est magnifique.


"Les Ephémères", ce sont tous ces petits moments en apparence anodins mais qui façonnent notre existence, lui donnent un sens ou au contraire la réduisent à néant. A chacun de ces moments déterminants, nous nous comportons tantôt comme des Sauveurs - de notre propre vie ou de celles des autres - tantôt comme des Sabordeurs, capables d'insuffler de l'énergie positive dans un événement a priori tragique ou au contraire de noircir un moment heureux par notre bassesse et nos angoisses.
En une quinzaine de saynètes intimes étalées sur 3h10, le spectacle balaie la plupart des "accidents de la vie" : la mort d'un proche, le divorce, les dégâts de la drogue, les femmes battues, la pauvreté et l'échec social, l'identité sexuelle, la maladie. Et de ce magma vivant émergent des tristesses infinies et des instants de grâce pure. Les acteurs, plus d'une trentaine en tout sur scène et venant des quatre coins du monde, sont tous d'une fabuleuse vérité.
A la fin du spectacle, l'émotion des spectateurs est palpable et la salle applaudit sans faiblir pendant plus d'un quart d'heure, tandis que Régis et moi, au troisième rang et en plein milieu, nous levons pour mieux remercier les comédiens. Debout, à quelques mètres d'eux, je les regarde droit dans les yeux, un par un, et leur souris. Plusieurs répondent à mon regard, les yeux brillants de fierté. Le musicien Jean-Jacques Lemêtre, qui accompagne de son balcon les 3h de représentation, est acclamé puis tous les enfants-acteurs quittent la scène en courant et reviennent accompagnés d'Ariane Mnouchkine, qui a droit à une véritable ovation. Et là, l'actrice Juliana Carneiro Da Cunha, qui joue magnifiquement ses huit personnages et est sans doute la doyenne du Théâtre du Soleil, saisit la main d'un des enfants et y dépose un baiser.

mardi 1 avril 2008

Deux livres


Dora Bruder
de Patrick Modiano
C'est l'histoire d'une drôle d'enquête, triste et poétique, à rebours du temps, sur la disparition cinquante ans plus tôt d'une jeune fille de 16 ans, Dora Bruder. Dora a fugué, comme tant d'adolescents rebelles. Mais on est en 1941. Et Dora est juive. Le narrateur remonte patiemment sa trace, du quartier Clignancourt de son enfance jusqu'au camp de Drancy puis d'Auschwitz, accumule les indices et dans un dernier hommage, réinvente l'histoire de Dora Bruder.
"J'ignorerais toujours à quoi elle passait ses journées, où elle se cachait, en compagnie de qui elle se trouvait pendant les mois d'hiver de sa première fugue et au cours des quelques semaines de printemps où elle s'est échappée à nouveau. C'est là son secret. Un pauvre et précieux secret que les bourreaux, les ordonnances, les autorités dites d'occupation, le Dépôt, les casernes, les camps, l'Histoire, le temps - tout ce qui vous souille et vous détruit - n'auront pas pu lui voler."


In Cold Blood de Truman Capote
Kansas, USA, 1959. Herbert Clutter, un riche fermier influent et respecté, sa femme et leurs deux plus jeunes enfants sont froidement assassinés à leur domicile, sans mobile apparent : seuls un poste de radio et une poignée de dollars ont été dérobés. Rapidement, deux jeunes gens sont appréhendés et passent aux aveux. Truman Capote, fasciné par ce fait divers morbide et absurde qui fait la une des journaux de la région, se rend au Kansas avec son ami écrivain Harper Lee et interviewe les résidents et les enquêteurs locaux afin de rendre compte, aussi fidèlement que possible, des circonstances du crime et de la personnalité des victimes et des assassins. Le résultat sera "In Cold Blood" ("De sang-froid"), le premier "roman de non-fiction" américain, basé exclusivement sur des faits réels.
Comment deux petits voyous, a priori ni plus méchants ni plus bêtes que les autres, ont-ils pu commettre un quadruple meurtre, froid, méthodique et dénué de sens?
La réponse, subtile, inquiétante, est dans ce livre.