vendredi 30 mai 2008

Voyage dans le temps

Aujourd'hui, je me décide à remettre à jour le pêle-mêle du salon. C'est l'occasion de remiser quelques cartes de voeux datant de... hum... 2005, pour les remplacer par les dernières nouvelles postales des amis et de la famille. Probablement sous l'effet d'un subtil glissement de génération, je remarque avec inquiétude qu'en 2007-2008, les invitations à des mariages se font plus rares, tandis que les faire-parts de naissance, comme les feuilles mortes, se ramassent à la pelle.

Merci donc Maële et Régis, aventuriers de la première heure, d'essayer à vous seuls d'inverser la tendance.

mardi 27 mai 2008

Petit Peintre deviendra grand

Ce soir, nous assistons au premier vernissage d'Eponine, dans le cadre de son cours d'arts plastiques "Petits Peintres".


Les oeuvres des enfants (dessins, peintures, objets en bois et poteries) sont exposées dans les locaux de la mairie, sur plusieurs étages et l'ensemble est magnifiquement mis en valeur, avec créativité et humour. Les enfants courent partout, pointant leurs dessins et réalisations et Eponine est très fière de nous désigner les siens : une grande peinture sur le thème de l'eau, une autre intitulée "Jeu de couleurs"; en menuiserie, une charrette, une petite voiture et un bateau à voile ; en poterie, un hérisson en terre cuite.
Tout cela se termine par un buffet, dans lequel Sidonie pioche sans vergogne.

dimanche 25 mai 2008

Bienvenue chez les Bretons

A l'occasion de l'anniversaire-surprise de Lionel, ami d'enfance de Régis et quadragénaire lui aussi, nous passons le week-end à Rennes.

Vendredi soir
Après 3h de route, nous voilà arrivés au hameau du Roheu, chez les cousins Julien et Coralie, qui habitent une superbe maison ancienne retapée, décorée de meubles design et entourée d'un grand jardin bordé de champs et de vaches. Eponine retrouve avec joie Elio et Noah, 6 et 4 ans, qu'elle s'empresse d'initier aux joies de la Nintendo DS.

Nous faisons la connaissance de la dernière petite cousine Mila, 8 mois, adorable bouille ronde éclairée de deux billes bleues ciel et Sidonie annexe assez rapidement son parc à jouets.

Samedi
Après maintes hésitations d'Elio (viendra? viendra pas?), c'est finalement Noah qui se propose de nous accompagner au Tour du Parc. Il pleut à verses mais je me console avec ma première galette de la saison dans une petite crêperie de Ploërmel. On fait une visite nostalgique à la maison de Rouvran, juste le temps de ramasser un paquet d'ardoises pour Maële, puis, un peu plus loin, on inspecte la belle demeure en construction de Colette et Yann, assez pour constater que décidément non, elle ne sera pas finie pour l'été!

Régis est heureux, comme chaque année, de revoir le village de son enfance mais peste devant les travaux de modernisation entrepris un peu partout.
C'est l'heure d'aller dire un petit bonjour à "Mémé-du-Parc", dans sa maison de retraite de Vannes. Mémé semble émue et ravie de nous voir et elle jubile d'entendre les trois enfants chahuter bruyamment :
- Ca me change de d'habitude!
Elle tend à Régis la lettre qu'elle avait écrite à l'occasion de son oral de thèse, il y a 10 ans, et c'est les larmes aux yeux qu'elle écoute son petit-fils la relire. Puis elle lui confie son laissez-passer de la seconde guerre mondiale :
- Je voudrais que tu le conserves précieusement.

Nous rentrons au Roheu les bras chargées de bigorneaux et d'une araignée énorme, achetés au vivier de Banastère et à déguster dès ce soir. La pluie continue de tomber, imperturbable.

Dimanche
En ce jour de fête des mères, Eponine me ramasse un bouquet d'herbe fraîche et Sidonie se précipite sur moi pour me faire un bisou... sur la jambe.
Le soleil a refait son apparition et pendant que les trois grands jouent dans le jardin, Sido part à la découverte des vaches et moutons des alentours.

A midi, nous quittons à regret Julien et Coralie et rejoignons une cinquantaine d'invités dans un stade de Rennes, où les 40 ans de Lionel sont célébrés. On se croirait à un mariage tant l'organisation est parfaite : repas assis, plan de table, menus et petits cartons pour chaque invité, traiteur, gâteau en forme de guitare, petites animations préparées par les amis et la famille... La femme de Lionel, Sandrine, et surtout ses parents, n'ont rien voulu laisser au hasard!
Plusieurs membres de la famille poussent la chansonnette, suivis de Victor, le fils aîné de Lionel, qui, cramponné au micro, entonne à pleins poumons le "J'adore" de Philippe Katherine. Naturellement, Lionel est bien forcé de nous faire une démonstration vocale et musicale musclée, accompagné de sa toute nouvelle guitare.
Sidonie, horrifiée, se réfugie sous la table en pleurant.
Puis s'écroule, épuisée, dans mes bras.

samedi 24 mai 2008

Que deviennent les filles?


Sidonie :
- a dansé pour de bon et fait les gestes de la comptine à l'éveil musical
- a appelé pour la première fois sa copine Lucine par son prénom
- nous a tenu éveillé jusqu'à 2h du matin sans raison connue
- confond le kiri avec de la pâte à modeler et s'étale la confiture des barquettes Lu sur les bras (en guise de protection solaire? de crème hydratante?)
- a refusé catégoriquement de me faire un dessin à la peinture pour la Fête des mères à la halte-garderie
- demande à faire "caca pot" (souvent un peu trop tard..) et profère un "Beêêek" tonitruant à la vue du résultat
- a grimpé sur le mur d'escalade avec l'aide du président du club, en posant pieds et mains sur les prises - une future licenciée de l'ESM Escalade!

Eponine :
- a eu sa deuxième image de l'année à l'école
- a compris le principe des unités et des dizaines en mathématiques
- celui de l'obéissance, par contre, lui pose encore quelques soucis
- a pleuré à chaudes larmes lorsqu'elle a su que nous partions en week-end et qu'elle ne pourrait pas aller à l'anniversaire de sa meilleure amie Lucie-Anaïs
- a vaincu sa peur de descendre à l'escalade et a passé avec succès son "passeport blanc"
- a téléphoné 3 fois en 2 semaines à son amoureux Jérémie, rencontré à Djerba
- n'arrête pas de grimper aux arbres et de se suspendre par les bras
- a expliqué à sa soeur, très pédagogue : "Sidonie, il serait temps que tu apprennes à prononcer les R"

vendredi 23 mai 2008

Royaumes Renaissants


Il y a quelques mois, j'ai succombé aux charmes des jeux de rôle en ligne et me suis inscrite à "Royaumes Renaissants", fortement encouragée par Régis, déjà inscrit sous le pseudo abracadabrant de -Censuré-. Le jeu consiste à faire vivre un personnage à l'époque du Moyen-Age : le nourrir, l'habiller, lui trouver un métier, gérer son argent, le faire participer à la vie politique locale et entretenir des relations avec les autres joueurs, l'instruire et même... le rendre heureux. Vaste programme. Cela ne prend en moyenne que quelques minutes par jour mais il faut être assidu, sous peine de voir son personnage mourir d'inanition, devenir clochard ou sombrer dans la déprime.

Petitdragon (mon personnage) est donc née à Mayenne, dans le comté du Maine, près de Laval, en l'An de Grâce 1430. Elle est rousse et sexy, cultive des légumes qu'elle revend sur le marché et mange des miches de pain pour faire des économies. Elle n'a pas d'instruction (la fac, c'est cher), peu de vêtements, aucune arme pour se défendre et passe son temps à travailler à la ferme et à échanger des banalités en taverne avec ses concitoyens Dimaro, Lora1, Yrone, Petitcrapouillot, Leprincebleu, Plumeliau, Pointbarre, Croutte et Erwelyn. Elle assiste à la messe deux fois par semaine et picole un peu (deux activités qui contribuent, paraît-il, au bonheur du peuple mayennais). Elle vote régulièrement, sans conviction, par devoir civique. Depuis peu, après avoir amassé un petit pécule de 500 écus, et être devenue conjointement plus intelligente, plus forte et plus charismatique, elle a assis sa réputation dans le Comté, est passée au niveau 2 et est devenue boulangère. Manque de bol, trouver de la farine bon marché est un vrai casse-tête chinois, un peu comme l'augmentation du pouvoir d'achat pour Nicolas Sarkozy. Mais comme on dit, chacun ses problèmes.

Tout bien réfléchi, je vais peut-être me reconvertir dans l'élevage de moutons.

jeudi 22 mai 2008

Un peu de culture

Au rayon bandes dessinées :
Le Dessin de Marc-Antoine Mathieu
C'est l'histoire, toute simple, en noir et blanc, d'un jeune homme qui perd son meilleur ami. Sauf que l'ami en question, artiste jusque dans sa mort, lui lègue un curieux dessin, bien décidé à ne pas se faire oublier. Une variation subtile et vertigineuse sur les mystères de l'art, de l'amitié et du souvenir. Et qui donne envie d'examiner la vie à la loupe.

Exit Wounds de Rutu Modan
De nos jours, en Israël. Un homme, fâché avec sa famille, disparaît. Attentat, accident ou simple fuite en avant? Son ex-petite amie, surnommée "La Girafe", et son fils mènent l'enquête et vont d'incertitudes en désillusions. Au bout du chemin, il y aura le désordre amoureux, une drôle d'écharpe à rayures, des retrouvailles manquées et, tout de même, quelques fragments de vérité.

Sur grand écran :
Deux jours à tuer de Jean Becker
Il a tout pour être heureux : la maison, le boulot, la femme, les enfants, les amis. Pourtant, en un week-end, il plaque tout. Classique crise de la quarantaine? Nostalgie du temps qui passe? Dégoût du matérialisme ambiant?
Mais cet homme, c'est Albert Dupontel. Alors forcément, ça ne peut pas être aussi simple.

dimanche 18 mai 2008

Drôles de gallinacés

En ce dimanche, nous allons rendre visite à Maman à la clinique Rotschild, en face du parc des Buttes-Chaumont. Elle y passe douze jours pour y subir un sevrage de médicaments car les doses d'anti-douleurs qu'elle prend actuellement sont hors de proportion avec son gabarit. Elle appréhendait beaucoup ce séjour mais nous la trouvons finalement assez en forme. Sa voisine de chambre, avec qui elle a sympathisé, est là pour une tumeur bénigne à l'oeil et toutes deux se remontent le moral mutuellement.

Nous passons tous les cinq l'après-midi aux Buttes-Chaumont, où les filles profitent du soleil et des jeux d'extérieur. Alors que nous nous dirigeons vers le Belvédère qui domine tout Paris, Eponine, que j'ai coutume d'appeler "Poulette", s'amuse à désigner chaque membre de la famille :
- Papa, c'est le coq, Maman la poule, moi je suis la poulette et Sidonie, c'est le poussin. Et Mamie euh ... c'est la vieille poule!
Maman, pas rancunière, rit franchement.
Une semaine plus tard, mes filles reçoivent une carte postale signée : "Mamie, la vieille poule".

samedi 17 mai 2008

A l'Opéra : Beethoven en paix

Attention, tenez-vous bien : CE SOIR, JE CHANTE A l'OPERA DE MASSY (excusez du peu) la Messe en Ut de Beethoven. Je serai (discrètement) aidée par mes 200 congénères choristes et par la cinquantaine de musiciens de l'Orchestre de l'Opéra mais enfin, il y a des jours comme ça où on peut se permettre de frimer un peu.

Au cours de la répétition générale qui a lieu l'après-midi, ma voisine, très professionnelle, me souffle :
- Je ne chante pas les parties les plus aiguës car je veux préserver ma voix pour le concert de ce soir...
L'excitation et le trac gagnent les rangs des chanteurs : on n'est pas encore tout à fait au point et pourtant, ce soir, il faudra que tout soit parfait.

Le concert débute à 20h avec une création de musique contemporaine intitulée, non sans humour, "Quiès". L'idée du jeune compositeur est de reproduire le type de sons entendus à travers des boules Quiès, en hommage à la surdité de Beethoven. Le résultat est virtuose, étonnant et laisse perplexe une bonne partie de la salle, composée en majorité de septuagénaires bien peignés. Aucune mélodie ne se dégage mais je m'amuse à deviner quel instrument produit les sons tantôt grinçants, tantôt ouatés. Lorsque le morceau est soudainement perturbé par un technicien qui téléphone bruyamment dans les coulisses, l'espace d'un instant, on se demande si cela fait partie du spectacle. Imperturbable, la jeune femme chef d'orchestre a des gestes d'une grâce et d'une précision infinies.
Puis l'Orchestre symphonique de Massy revient sur un terrain plus classique et plus consensuel avec la 7ème symphonie de Beethoven, une des plus difficiles à jouer paraît-il. Alors que j'admire la maîtrise et la fougue de Dominique Rouits, le chef d'orchestre en titre de l'Opéra de Massy, je suis soudainement frappée par sa ressemblance avec l'Inspecteur Morse, alias l'acteur britannique John Thaw : visage large, front dégarni, nez fort et yeux bleus perçants, bedaine proéminente, silhouette trapue, il a son énergie tantôt contenue, tantôt explosive et son élégance nonchalante. C'est sous les applaudissements frénétiques de la salle qu'il lisse ses cheveux et remet en place le col froissé de sa veste de smoking.

Enfin, c'est notre tour d'entonner cette Messe en Ut sur laquelle nous avons tant souffert. L'impression est fabuleuse : grisée par la musique et la solennité de la salle, je n'ai jamais eu autant de plaisir à chanter. Et le résultat collectif est à la hauteur : c'est sans aucun doute notre meilleure prestation.
Quant à ma voisine, elle est restée singulièrement silencieuse pendant les passages les plus ardus ; à force de préserver sa voix, elle a dû tout bonnement oublié de chanter.

Au Carnaval

En ce samedi orageux, le quartier de Villaine organise un carnaval avec défilé de chars et animations diverses. Régis est chargé de déguiser les filles et de les y amener pendant que je sue sang et eau à la répétition générale de la Messe de Beethoven sur la scène de l'Opéra de Massy.
Je parviens à les rejoindre une petite heure afin de m'aérer la tête et essaie de photographier mes deux princesses ensemble, ce qui n'est pas simple












lundi 12 mai 2008

Le Joli Mois de Mai

Un parfum d'été flotte sur Paris! Je m'empresse de remiser bottes et manteaux au garage et de ressortir shorts, T-shirts et sandalettes. J'entends bien profiter de ce long week-end pour paresser au soleil.

Bon, en fait de paresser, nous fêtons la victoire du 8 Mai au zoo de Cheptainville, avec pic-nique dans un champs de colza, verre en terrasse et glace à l'eau.


Ce petit zoo privé bien sympathique accueille peu d'animaux exotiques mais les enfants peuvent approcher et toucher pratiquement tous les spécimens : oies, paons, cochons, chèvres, ânes, vaches des Highlands, lamas, moutons, perroquets et perruches et même des tortues et des serpents de 2m de long. Naturellement, les filles ne se privent pas de faire connaissance de très près avec tout ce qui porte poils, plumes ou écailles.



Le lendemain soir, nous dînons chez les Guilloteau, qui viennent de mettre en vente leur maison. Est-ce la dernière fois que nous profitons de leur immense jardin et de leur poulailler?
Comme à leur habitude, Flore, Alice, Eponine et Sidonie se déguisent et vers 23h30, nous découvrons le princesse Poupoune écroulée sur le canapé, la bouche grande ouverte et le costume de travers, profondément endormie.
Le dimanche, nouveau pic-nique sur la coulée verte près d'Antony avec Magalie et ses enfants Justine et Alexis, pendant que le papa Fred s'échine à refaire leur salle de bain à neuf. La chaleur est assez étouffante et tandis que les adultes se prélassent tels des lézards anémiés, les enfants courent en tous sens et font des roulades dans l'herbe brûlée.

Après tous ces efforts, un passage aux fontaines de Vilmorin s'impose : Eponine plonge avec délice dans les jets d'eau mais Sidonie, hésitante, reste à distance pour ne pas être trop arrosée.
On termine la journée tous ensemble autour d'un canard sauce au coing et d'une tarte au flan (léger, léger)
Le lundi, mes parents nous font une petite visite et les filles insistent pour retourner aux fontaines où nous croisons... Magalie, devenue accro.

Puis, pour clore le week-end, on s'installe tous les quatre devant "La Gloire de mon père" d'Yves Robert et, heureux, on se laisse bercer par les accents chantants du petit Marcel et du grand Joseph et par le cri-cri des cigales provençales...

lundi 5 mai 2008

... les parents crapahutent dans l'Atlas

Dimanche 27 Avril, 5h du mat'
Branle-bas de combat et départ pour Orly Sud, où un avion pour Marrakech nous attend. Enfin, façon de parler car en fait, c'est plutôt nous qui attendons l'avion, qui a deux heures de retard. Au point qu'on a même craint de croiser mes parents, Eponine et Sidonie car leur vol pour Djerba, prévu deux heures après le nôtre, était, lui, annoncé à l'heure et dans la même salle d'embarquement!

Marrakech
Ici, l'été a déjà commencé : 34° à l'ombre et de la brume (chaleur? pollution? je n'ose deviner). L'architecture de la ville est assez belle, composée de maisons et petits immeubles traditionnels en pierre ocre avec moucharabiés et enluminures et agrémentée de jardins abondamment arrosés. L'avenue Mohammed VI, baptisée ainsi en l'honneur de l'actuel Roi du Maroc (fils d'Hassan II), est bordée de rosiers fleuries sur ses 7 Km de longueur. Les rues sont soit parallèles, soit perpendiculaires, comme aux Etats-Unis et les programmes immobiliers, encourageant les étrangers à faire construire au Maroc, poussent comme des champignons, tout comme les panneaux publicitaires vantant les marques françaises de prêt-à-porter et cosmétique (Promod, Sephora, Etam..).

L'hôtel Oudaya, notre résidence pour deux nuits (celles des premier et dernier jours), est situé dans le quartier résidentiel de Gueliz, au Nord de la Medina et abrite une belle piscine assez froide dans un patio à arcades.
Notre premier aperçu de la célèbre place Jamaa El Fna est étonnant : une immense esplanade quasiment vide, écrasée sous le soleil de midi, ouvrant sur les souks et précédée d'une allée gorgée de calèches à touristes, déserte elle aussi.
Ce n'est qu'à la nuit tombée que nous découvrirons la place sous son jour véritable : noire de monde, grouillante de vie, recouverte de stands vendant des oranges pressées ou des escargots en barquette et peuplée de charmeurs de serpents, danseurs, musiciens, conteurs et tatoueuses.

Mais avant cela, nous aurons eu le temps :
- de goûter à la pastilla marocaine et déguster plusieurs divins jus de fraise-orange à la glace pilée au Ryad Mabrouka
- de se perdre maintes fois dans les ruelles et les cul-de-sac de la Médina aux abords du Palais Impérial
- de visiter le magnifique Palais El Bahia aux murs et plafonds sculptés et aux petites cours intérieurs baignées de fontaines et décorées de mosaïques et de jardinets vert tendre

- d'acheter du "rouge-à-lèvres berbère" (du coquelicot dans une terre cuite, qui rougit la peau lorsqu'on la frotte), un petit pain d'ambre pour le corps et de la poudre à sniffer contre le rhume (on la met dans un tissu noir qu'on frotte contre la paume avant de la respirer : picotements de gorge et débouchage de nez garanti!)
- de se faire masser les cervicales à l'huile d'Argan (Régis)
- de faire des kilomètres sous un soleil de plomb, dans toutes les directions, et de prendre quantité de photographies.
Le soir venu, nous retrouvons les autres membres du groupe de randonnée devant la Koutoubia (la Grande Mosquée) pour un dîner traditionnel couscous / tajine sur une terrasse donnant sur la place Jmaa El Fna.
A 23h, lorsque, épuisés par notre journée, nous cherchons enfin un taxi pour rentrer à l'hôtel, nous sommes accueillis par une joyeuse cacophonie de klaxons, ronronnements de mobilettes, bruits de charrettes, brouhahas de voix humaines et cris d'enfants.

Marrakech, décidément, est la ville du mouvement perpétuel.

La vallée de l'Ourika
Cette vallée, située à une heure de voiture environ de Marrakech, est le lieu de villégiature favori des citadins fuyant la chaleur étouffante de Marrakech et pas assez riches pour aller vers l'Atlantique chercher la fraîcheur et le dépaysement. Verte, gorgée d'eau et semée de belles petites villas ocres à flanc de collines, la vallée a malheureusement subi en 1995 une grave inondation, qui a fait de nombreuses victimes et dont les dégâts sont encore visibles aujourd'hui : maisons effondrées, gravats, ponts coupés etc. En ce jour de semaine, c'est un Eden bucolique et on se prend à rêver de siroter une petite bière sous une de ses tonnelles ombragées.
Le trek démarre par la traversée d'un pont suspendu (Indiana Jones n'est pas loin) et par une longue montée (700m de dénivelé), longeant un village perché sur la montagne et surplombant de magnifiques cultures en terrasse au subtil dégradé de couleurs.

L'aventure peut commencer!

Trekking dans l'Atlas
Arrivés au premier col, on parcourt les crêtes, profitant de superbes panoramas sur les plateaux du Yagour et accompagnés par les bêlements des chèvres et chevreaux, dont les bergeries ne sont pas loin. On pic-nique près d'un ruisseau chantant et après une heure de marche, on parvient au bivouac du soir, à 2100m d'altitude dans un décor de haute montagne vert et ocre, infiniment dépaysant, immenses pâturages fleuris dominés par les sommets enneigés du massif du Toubkal.

La nuit tombe vite et le froid avec et chacun sort sa polaire. Régis et moi nous félicitons mutuellement d'avoir pensé aux bonnets!

Pendant quatre autres journées, nous randonnons dans les montagnes de l'Atlas, accomplissant une boucle de 70km environ, marchant quotidiennement entre 5h et 6h. Mais chaque jour est différent du précédent et le décor évolue vite, passant sans transition des pâturages d'altitude aux canyons désertiques, en passant par les villages aux jardins cultivés, les oueds et les prairies.
Le troisième jour, on quitte les bergeries et les cultures en terrasse d'un vert profond, on gravit un col et on redescend dans la rocaille et la poussière ocre au fond de la vallée suivante, près d'une rivière.

Le quatrième jour, on longe l'oued et on traverse plusieurs villages berbères.
Le cinquième jour, on chausse les sandales et on poursuit la randonnée les pieds dans l'eau glacée, dans un paysage qui évoque les Alpes du Sud et les Gorges du Verdon. Au début, le froid est une souffrance mais au bout d'une demi-heure, on s'habitue et on ne sent plus ses jambes. De même, pour la première traversée de rivière dans le courant, avec de l'eau jusqu'aux cuisses, on s'aide mutuellement.
Mais au fur et à mesure des traversées, chacun se débrouille et trouve sa technique. Lorsqu'on marche dans les cultures marécageuses et les herbes hautes, la fièvre de l'aventure nous reprend!

Le sixième jour, on quitte l'univers aquatique pour amorcer une remontée de 900m jusqu'à un col à 3000m d'altitude. L'ascension est épuisante sous le soleil brûlant mais l'odeur du thym et du romarin sur le chemin évoque la Provence et le panorama sur les deux vallées de part et d'autre est magnifique : cimes enneigées d'un côté, montagnes rouges et villages de l'autre, et à l'horizon, les plaines infinies de Marrakech...
Scènes de la vie quotidienne
Notre groupe "Terres d'aventure" est composé de 14 personnes, entre 25 et 60 ans, toutes sympathiques (c'est rare), majoritairement de région parisienne et de métiers divers : enseignants, cadres chez EDF et SCNF, ingénieurs, chirurgien... A cela s'ajoute notre guide, Mohammed, jeune homme discret, souriant et connaissant bien la région ; Ibrahim, le cuisinier génial qui nous prépare des crêpes pour le petit-déjeuner, des frites au déjeuner et des beignets au goûter, et qui mitonne avec talent le tajine et le couscous au milieu de nulle part ; et les muletiers et leurs mules, qui portent nos bagages, les tentes, les matelas et la nourriture pour une semaine en autonomie.
Chaque soir, nous devons monter nos tentes igloo et les démonter au lever (sauf lorsque certains ont la bonne idée de les démater avec les occupants encore dedans) et presque chaque jour, nous avons la possibilité de nous laver dans la rivière (froide!) ou à un point d'eau. Lorsque nous bivouaquons à proximité d'un village, les muletiers dressent une tente "WC" pour éviter que nous soyions surpris en pleine action par les gens du cru. Mais certains préfèrent tout de même "chasser le yéti" (expression adoptée d'emblée par le groupe) en pleine nature.
Au fur et à mesure du trek, les tignasses deviennent du crin, les peaux se burinent, les moustiques font des ravages et certains commencent à accuser la fatigue mais cela n'empêche pas les discussions politiques hilarantes et les chants et danses avec nos compagnons de voyage marocains.

Rencontres Berbères
Lorsque nous croisons des Berbères dans la montagne, nous les saluons d'un "Salaam Alaikoum" approximatif et ils répondent toujours gentiment à notre salut. A la traversée des villages, la plupart des enfants accourent, curieux de voir la tête des touristes, ou se précipitent pour nous regarder de leur balcon. Ils réclament souvent des bonbons ou des stylos mais en cas de refus, n'insistent pas et acceptent généralement de bonne grâce d'être photographiés, contrairement aux adultes qui déclinent presque toujours la proposition. Parfois même, ce sont les enfants qui réclament des photos afin de se voir sur l'écran numérique.


Si les hommes sont habillés à l'occidentale, avec des maillots de foot et des savates ou des baskets, les femmes et les petites filles sont encore en costume traditionnel, grandes tuniques à fleurs et foulards. Quant aux petits berbères, habillés de bric et de broc, ils sont très beaux, rieurs au regard perçant.
Un jour, Raymond, la cinquantaine, se baigne dans la rivière pour faire sa toilette et en ressort torse nu, avec sa serviette autour des reins. Deux femmes berbères qui passent par là, perchées sur leur mule, pouffent avec espièglerie en l'apercevant. Une autre fois, Dona et Camille, les plus jeunes du groupe, se lavent dans l'oued en maillot de bain sous le regard attentif d'une bande de petits garçons, assis sagement sur un rocher pour ne pas en perdre une miette.

Ca sent la fin
Le septième jour, nous n'avons plus qu'une heure de marche avant de parvenir à un village joliment perché sur la montagne mais plus moderne que les précédents, avec des maisons en ciment et des pylônes : la civilisation est proche. Nous sommes invités à prendre le thé chez Ibrahim, un vieil homme rencontré la veille dans les plantations. Da Brahim se laisse photographier de bonne grâce avec son petit-fils, adorable bonhomme de 3 ans, ou en train de verser le thé de manière experte. Notre hôte nous offre aussi le pain à l'huile d'olive et à la marmelade d'orange et, délice des délices, deux grands plateaux de cerises, les premières de la saison.
Un peu plus loin, les mules nous attendent pour le dernier pic-nique en pleine nature, non loin du village où les femmes, en costumes traditionnels, lavent le linge et les couvertures à la rivière.

Une partie de foot endiablée s'engage entre Jérôme, Camille, Dona, Régis et Cédric d'une part, et les deux Mohammed, Ibrahim et Laoussine d'autre part. Le moment est venu des adieux, cadeaux et remerciements : petites enveloppes d'argent pour les muletiers, le cuistot Ibrahim et notre guide Mohammed ; photos de groupe, sourires et mains tendues ; et Coralie, prof d'arts plastiques, dessine et offre quelques portraits.

Puis c'est le minibus tous ensemble et le retour vers Marrakech, en retraversant la vallée de l'Ourika dans l'autre sens. L'impression est radicalement différent de celle ressentie il y a 8 jours car c'est samedi et tous les marocains sont de sortie pour le week-end. Le havre de paix est devenu une sorte de petit Saint-Tropez de l'Atlas, avec des boutiques ouvertes tout le long de la route et des terrasses de restaurant qui regorgent de touristes locaux et étrangers sirotant un jus. Quelques hommes et enfants se baignent dans la rivière pendant que les femmes, souvent voilées, se prélassent à l'ombre.

De retour à Marrakech, je me précipite sur mon téléphone pour appeler mes parents et suis à la fois heureuse et soulagée d'entendre les petites voix flûtées de mes filles, visiblement en pleine forme.
Puis on se précipite au Jardin de Majorelle, incontournable visite recommandée par tous les guides. Et en effet, Majorelle pourrait être un paradis sur terre... s'il n'y avait, hélas, autant de touristes. L'endroit est frais, vert, exotique, ombragé avec une belle bâtisse bleue indigo, une treille et des fenêtres jaune vif. Cactus, babous, palmiers, fleurs tropicales, jet d'eau, on ne commence à apprécier que lorsque les hordes d'envahisseurs en short commencent à déserter les lieux.

Pendant que Cédric et Régis font l'expérience rustique du hammam marocain, je pique une tête dans la piscine et redécouvre avec délice, sous la douche, les bienfaits de la civilisation et de l'eau courante.
Dernière étape du voyage : les souks de la Médina, où l'on achète des babouches pour les filles et pour moi, des pâtisseries arabes et des verres à thé, tout cela en un temps record compte-tenu de l'indispensable marchandage destiné à flatter la susceptibilité des vendeurs marocains. Après dîner, on parcourt une dernière fois la place Jamaa El Fna dans une atmosphère qui rappelle les marchés de nuit Pékinois, grouillante, fumante, bruyante, en un mot terriblement exotique.
Nous quittons à regret ce tumulte de mouvement, de poussière et d'enfants.

Demain, dans quelques heures, nous aurons retrouvé nos filles.