mercredi 2 avril 2008

Les Ephémères

Moi, le Marathon de Paris, c'est aujourd'hui mercredi que je le cours :
- Matin : préparer les filles et leurs affaires de la journée, petit-déj, emmener Eponine à son cours de poterie, faire quelques courses, donner à manger à Sidonie, aller rechercher Eponine, conduire jusqu'à Guyancourt. Là, on mange tranquillement avec mes parents. Et puis hop, il faut repartir.
- Après-midi : je conduis Maman et les filles jusqu'à Chevreuse, où on retrouve Mamie pour la maintenant traditionnelle chasse aux oeufs de Pâques, organisée par la maison de retraite pour les enfants et les personnes âgées. Mamie est impatiente de présenter ses arrières-petites filles à tout le monde et ne nous laisse pas le temps de souffler. Eponine va gentiment embrasser toutes les dames qu'elle connaît et Sidonie lance un "coucou" sonore à la cantonnade. Puis Eponine retrouve des copains de son âge et tous se précipitent avec leurs paniers pour débusquer les oeufs, les seniors sur leurs talons. A17h10, je récupère mes filles avec bien du mal et ramène Maman à Guyancourt.
Soirée : je repars en direction de Créteil et vais rejoindre quelques milliers de voitures pare-choc contre pare-choc sur l'A86. Une bonne heure plus tard, j'arrive enfin chez Colette, qui doit garder les enfants pendant que Régis et moi allons au théâtre. Hop hop, je dépose mes deux colis (piégés?) et leurs pyjamas, doudous et tétine, je règle mon GPS et zou, je repars pour la Cartoucherie de Vincennes où Régis m'attend déjà avec les places réservées.

Tout ça pour dire que ma soirée théâtre, je l'ai bien méritée.
Et ça tombe bien car le spectacle du Théâtre du Soleil, mis en scène par Ariane Mnouchkine, est magnifique.


"Les Ephémères", ce sont tous ces petits moments en apparence anodins mais qui façonnent notre existence, lui donnent un sens ou au contraire la réduisent à néant. A chacun de ces moments déterminants, nous nous comportons tantôt comme des Sauveurs - de notre propre vie ou de celles des autres - tantôt comme des Sabordeurs, capables d'insuffler de l'énergie positive dans un événement a priori tragique ou au contraire de noircir un moment heureux par notre bassesse et nos angoisses.
En une quinzaine de saynètes intimes étalées sur 3h10, le spectacle balaie la plupart des "accidents de la vie" : la mort d'un proche, le divorce, les dégâts de la drogue, les femmes battues, la pauvreté et l'échec social, l'identité sexuelle, la maladie. Et de ce magma vivant émergent des tristesses infinies et des instants de grâce pure. Les acteurs, plus d'une trentaine en tout sur scène et venant des quatre coins du monde, sont tous d'une fabuleuse vérité.
A la fin du spectacle, l'émotion des spectateurs est palpable et la salle applaudit sans faiblir pendant plus d'un quart d'heure, tandis que Régis et moi, au troisième rang et en plein milieu, nous levons pour mieux remercier les comédiens. Debout, à quelques mètres d'eux, je les regarde droit dans les yeux, un par un, et leur souris. Plusieurs répondent à mon regard, les yeux brillants de fierté. Le musicien Jean-Jacques Lemêtre, qui accompagne de son balcon les 3h de représentation, est acclamé puis tous les enfants-acteurs quittent la scène en courant et reviennent accompagnés d'Ariane Mnouchkine, qui a droit à une véritable ovation. Et là, l'actrice Juliana Carneiro Da Cunha, qui joue magnifiquement ses huit personnages et est sans doute la doyenne du Théâtre du Soleil, saisit la main d'un des enfants et y dépose un baiser.

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