lundi 19 novembre 2007

Un Dimanche

Les concerts de Noël approchant à grands pas, tous les choristes sont conviés à une répétition exceptionnelle et dominicale, de 10h à 17h, avec buffet partagé pour le déjeuner.
L'ambiance est studieuse mais très agréable et je prends de plus en plus de plaisir à aprofondir chaque chant. J'ai aussi l'impression que mon niveau s'améliore et rejoint petit à petit celui des autres.
De retour à la maison, au risque de paraître monomaniaque, je continue à m'entraîner!

Et le lendemain, j'assiste à ma première Assemblée Générale, où j'apprends pas mal de choses concernant le budget de l'association, l'organisation et le coût d'un concert, d'où l'importance d'en faire la publicité pour attirer le public.
Convaincue, je m'empresse d'aller coller quelques affiches chez les commerçants de mon quartier.

mardi 13 novembre 2007

Nostalgie, quand tu nous tiens

C'est au dernier moment que je me décide à aller déjeuner, ce mardi 13 Novembre, avec mes anciens collègues de France Telecom : le but est de prendre de vitesse la grève des transports qui s'annonce pour le lendemain. Au final, prévenus la veille, presque tous sont venus : Véro, devenue blonde pour l'occasion (je plaisante) et toujours en forme ; Céline, en attente de son mariage ; Aliette, toute sourire et intarrissable sur les désopilants "Stérimar" (petit surnom de nos "Steerco" mensuels, grandes réunions au sommet avec les équipes de ventes) ; Olivier, arrivé pour le dessert après ses sempiternels rendez-vous chez son banquier ; et même Cyril, de plus en plus détaché de son nouveau boulot et friand de blagues salaces.
Installés au "Saint Séverin" à St Michel sur les conseils de Véronique (plus personne ne fait confiance à Aliette depuis un mémorrable restau asiatique à l'hygiène douteuse), nous passons en revue avec joie nos sujets favoris, du devenir de nos collègues amis ou ennemis (bébés, mariages, changement de poste, disputes professionnelles..) aux rumeurs de démission / mutation de nos directeurs adorés, en passant par les dernières frasques et désillusions de notre chef de service.
C'est tout à la fois amusant et vaguement inquiétant de constater que au bout de près d'un an d'absence, rien ou presque n'a changé. J'ai eu le temps de partir en congé maternité, de faire un bébé, de le regarder grandir, d'embaucher une nounou enceinte, de changer de poste et de me couler dans mes nouvelles fonctions, de remplacer ma nounou, de renoncer à mon nouveau poste, de poser un congé parental et d'organiser ma nouvelle vie à la maison, et la plupart de mes ex-collègues n'ont pas bougé, ou si peu.

En quelque sorte, pour eux, le temps s'est arrêté.
Et je les retrouve, identiques à eux-mêmes, sympas, attachants, notre complicité toujours intacte. Jusqu'à la prochaine fois.

Sidonie, elle, visite la salle du restaurant, devient copine avec la serveuse, joue un peu avec Olivier et fait du charme à un client américain, sosie de Clark Kent.

Le soir même, le centre social de Villaine organise une petite fête pour les enfants. Des décors de jeu ont été reconstitués : la marchande de fruits et légumes, la Poste, une maison avec cuisine, salle de bain et poupon, plus une collection de déguisements. Les enfants sont surexcités et courent partout. Eponine rentre à fond dans le jeu et essaie tous les costumes. Au guichet de la Poste, elle vend des timbres avec un foulard sur la tête. A l'animatrice qui la questionne sur son foulard, elle répond qu'elle est néanmoins une femme "moderne et active, qui travaille". Comprenne qui pourra.

samedi 10 novembre 2007

Guadeloupe, jour par jour

Jour 1
(30 octobre)

C'est le grand départ!
Ô miracle, notre vol Corsairfly, déjouant à la fois la grève d'Air France et celle du personnel au sol, décolle quasiment à l'heure et arrive sans encombre à Pointe-à-Pitre.

Evidemment, les huit heures de vol ne sont pas de tout repos, avec Eponine qui gigote et laisse tomber ses crayons de couleurs toutes les 3 minutes et Sidonie qui entreprend d'explorer les genous du voisin (un quinquagénaire fort heureusement charmant et attendri) mais finalement, nous résistons tous assez bien au décalage horaire.

A notre arrivée à l'Habitation Grande Anse de Deshaies, où nous logeons (au Nord de Basse-Terre), la première impression est magique : de mignons petits bungalows tout confort avec charpente en bois, terrasse-cuisine et air conditionné, disséminé dans un beau jardin tropical, à deux pas d'un petit restaurant donnant sur une piscine poétiquement éclairée de nuit.

Le restau, que nous testons dès le premier soir malgré la fatigue, est fabuleux : fin, original, et le service est prévenant et sympathique. On ne se prive pas non plus d'essayer la piscine et notre premier bain a un avant-goût de paradis.

Jour 2
(31 octobre)

Décalage horaire oblige, les filles se réveillent très tôt et le petit-déjeuner buffet (croissants, crêpes maison, fruits et jus frais..) nous remplit d'énergie pour notre première journée antillaise.

Mais vers midi, alors que nous profitons des eaux à 29° de la magnifique plage de Grande Anse, Eponine ressort en hurlant de l'eau, du sable plein les cheveux et le poignet tremblant : bravant nos multiples mises en garde, elle a trouvé amusant de jouer dans les rouleaux et a été violemment plaquée au sol par une vague. Elle pleure de douleur en soutenant son avant-bras gauche et passée la première réaction d'énervement ("on te l'avait bien dit"), on décide de rentrer au bungalow pour que les filles se reposent. Malheureusement, après la sieste, le bras d'Eponine ne va pas mieux et une visite chez un médecin s'impose. En cinq minutes chrono, le docteur R. pose son diagnostic (probable fracture de l'avant-bras de type "bois-vert"), rédige une ordonnance pour une radio aux urgences de Pointe-à-Pitre et fabrique une atèle de fortune à Eponine.
Lorsque nous reprenons courageusement la route vers le CHU de la capitale (seul service d'urgences de l'île), nous ne savons pas encore que la nuit sera longue, très longue.

Dès le départ, je me doutais que ce ne serait pas facile : le remplissage du dossier d'admission avait déjà pris une bonne heure, entre les va-et-vient des blessés en civière, les récriminations des malades impatients refoulés par la sécurité et les protestations des infirmières, lassées d'être prises à partie ("Y a pas écrit médecin sur mon badge, je ne suis qu'infirmière, je fais ce que je peux!"). Mon tour arrivé, le verdict tombe :
"Je l'ai mise en semi-prioritaire parce qu'elle a 5 ans mais malgré tout, je ne vous garantis pas l'horaire de passage, cela risque d'être très long". Je me souviens avoir pensé :
"Très long, qu'est-ce que cela peut vouloir dire : 3 heures? 5 heures? Plus?"
J'ai préféré me raccrocher à cette incertitude et n'ai pas posé la question.
A 22h, nous attendons toujours et la file d'attente ne semble pas diminuer. Il n'y a plus un seul siège de libre et Eponine dort, les fesses sur son siège et la tête sur mes genoux. Une jeune femme, accompagnant son amie malade, s'arrête devant moi et désigne alternativement Eponine et sa copine debout :
- Vous ne pouvez pas la prendre sur vos genoux?
Réalisant qu'elle me demande de réveiller ma fille au bras cassé pour faire asseoir sa copine, je suis outrée. Avant que je n'explose, Régis se lève et lui cède sa place. Je fulmine toujours contre ma voisine lorsque celle-ci m'apostrophe :
- Vous savez, on est là au moins jusqu'à 4h du matin, la nuit va être longue.
Je grogne :
- Merci, c'est sympa de nous remonter le moral!

Régis, voyant que je suis près de craquer, décide de rester dans la salle d'attente avec Eponine pendant que je retourne à la voiture me reposer avec Sidonie.

In fine, arrivés au CHU de Pointe-à-Pitre à 18h30, nous n'en sortirons qu'à 1h30 du matin, Eponine le bras en écharpe, armée d'un plâtre tout blanc.

Jour 3
(1er novembre)

Au petit-déjeuner, tout le monde, personnel et clients, redouble d'attention et de gentillesse pour Eponine. Celle-ci craint de ne pas pouvoir se baigner et pour lui prouver le contraire, nous lui emballons illico le bras dans un sac poubelle et hop, à l'eau! Elle nous fait remarquer, l'air sombre, que le sac poubelle, ça fait "vraiment pas joli". En fait, elle redoute les moqueries des autres enfants.

Bien décidés à passer malgré tout de bonnes vacances, nous partons visiter une plantation de café, le Domaine de la Grivelière, aux environs de Vieux-Habitants.


La route d'accès, perdue dans la jungle, est magnifique et donne une impression de bout du monde : lumière tamisée, luxuriance et transparence des végétaux, lianes et arbres géants. La visite du site, hors du temps, est passionnante, détaillant les étapes de production du café et du cacao, de la cueillette à la vente. Nous marchons parmi les caféiers et les cacaoyers, observant les fleurs (Alpinias roses et Alamandas jaunes), les oiseaux et les énormes chenilles urticantes.

Lorsque nous atteignons la jolie "Anse de la Barque" avec son phare de carte postale, le soleil commence déjà à décliner et c'est de nuit que je me baigne, seule, sur la plage noire de Malendure, savourant mon plaisir.


Jour 4
(2 novembre)



Au programme d'aujourd'hui, visite du Parc des Mamelles, à la fois zoo et jardin botanique. On y croise des racoons (ratons laveurs), des iguanes, des singes, des tortues, des mangoustes, des agoutis, des loutres, sans oublier les crabes, poissons, perroquets et perruches, chauve-souris, insectes de toutes sortes, blattes, scolopendres etc.






La végétation abonde elle aussi : alamandas, alpinias, balisiers, palmiers géants, bananiers, Bois-bandé, roses de porcelaine..

C'est pendant le "parcours sur la cîme des arbres" (avec baudrier et mousqueton) que nous rencontrons la famille C. : Patrick (le look de Buffalo Bill et la voix du chanteur Renaud), Monique (rousse et discrète) et leur fils Alix, 5 ans 3/4 (bavard comme une pie et copain comme cochon en 5 minutes avec Eponine).




Dans la très jolie serre aux papillons, les enfants s'immobilisent pendant de longues minutes, espérant qu'un papillon se pose sur eux et exauce leur voeu. Mais rien ne se passe, à part que nous avons gagné quelques instants de silence (c'est toujours ça).




Avant la tombée de la nuit, nous effectuons une petite randonnée au "Saut de la Lézarde", en pleine forêt vierge. La chaleur est étouffante et le sentier glissant, ce qui n'est guère aisé pour Eponine avec son bras dans le plâtre, mais elle s'en sort avec les honneurs. Entourés des bruits étranges de la forêt et dans la moiteur ambiante, on se surprend à jouer aux explorateurs de pacotille.





L'arrivée à la cascade, clou de la balade, est saisissante : d'une beauté sombre et mystérieuse, elle semble rayonner de l'intérieur. Seul bémol : nous ne sommes pas les seuls à profiter du paysage.


Après s'être baignés (Régis et Eponine) et avoir trempé un orteil (Sidonie et moi), nous remontons au pas de course car la lumière décline rapidement.
Eponine s'amuse à faire des "Hou hou" auxquels une "chouette" fait écho. Emerveillée que l'"animal" lui ait répondu, elle refuse de nous croire lorsque nous lui présentons la véritable "chouette", un jeune homme espiègle caché derrière un arbre.

Il était temps que nous regagnions notre voiture : la Route de la traversée est maintenant dissimilée par un épais brouillard.
Dans la foulée, nous rejoignons Patrick et Monique, qui nous ont invités à prendre un Ti' Punch dans leur immense villa de location sur les hauteurs de Deshaies. Nous passons un très bon moment à échanger nos expériences sur les enfants, les voyages.

Jour 5
(3 novembre)

Réveillée en sursaut par une vive douleur dans le bas du dos, suivie d'une deuxième plus forte encore, je me lève d'un bond et Régis agite les draps, laissant s'échapper un scolopendre.
Sâle bête! Rapidement, je sens le venin se propager autour de la morsure, dans le dos et sur la cuisse. La zone touchée est rouge, enflée et douloureuse mais fort heureusement, au bout de quelques heures, cela va mieux.
La journée se poursuit plus agréablement par une longue baignade à la piscine.


Assises sur la balancelle au bord du bassin, Eponine et moi chantons en coeur aux oreilles d'une Sidonie particulièrement grognon :

"Elle est pas sage, la Sido,
On l'abandonne sur un pédalo,

Elle est pas sage, la Sido,
On s'en fiche, on la jette à l'eau,

Elle est pas sage, la Sido,
On la laisse dans le bungalow,

Elle est pas sage, la Sido,
On l'abandonne sur un vélo,
etc..


Sur le front de mer de Sainte-Rose, nous observons les pêcheurs vider leurs poissons et les pélicans coloniser les épaves de bateaux. Eponine s'avance hardiment sur la jetée pour approcher les volatiles et un sexagénaire commente :
- Elle a peur de rien, celle-là, avec son bras dans le plâtre! Elle a l'air casse-cou, hein?
Et hochant la tête avec philosophie, désignant Sidonie, qui essaie d'échapper à notre vigilance et s'avance elle aussi vers la jetée :
- Ah, et puis la deuxième est pareil, on dirait...



On déjeune les pieds dans l'eau "chez Francine", sur la plage de Cluny bordée de petites piscines naturelles taillées dans la roche et on clôt la journée en beauté par une balade dans un bateau à fond de verre autour de l'Ilet Pigeon, au large de Malendure.










Nous voyons beaucoup de jolis poissons tropicaux, dont les Colas, bleu clair et jaune, qui nous suivent frénétiquement pour happer la nourriture que le capitaine du bateau leur lance. Sidonie, émerveillée, les montre du doigt en poussant de petits cris.

Puis c'est au tour d'un gros poisson nommé Régis, armé d'un masque et d'un tuba, de faire des acrobaties sous l'eau face à la vitre, à la grande joie d'Eponine. Après quelques petites cabrioles sous-marine, je vais moi aussi faire un peu de snorkeling près des rochers et repère des balistes, des demoiselles, des perroquets, des napoléons, un poisson-flûte, un poisson-pierre et même une raie.


De retour sur la terre ferme, on ne résiste pas à la tentation de prendre un dernier bain au soleil couchant.

Jour 6
(4 novembre)






Après une tête dans la piscine comme chaque matin, nous déjeunons "Chez Lélette" à Deshaies sur une belle petite terrasse aux couleurs Madras face à la mer.








Repus, nous visitons le magnifique Jardin Botanique, ancienne propriété de Coluche, dont la très belle villa en bois foncée se cache encore dans le Jardin. Nénuphars, orchidées de toutes sortes, anthuriums, balisiers, bougainvilliers, alamandas, alpinias, arbres du voyageurs, palmiers, cocotiers, baobabs, on ne sait plus où donner de la tête tant il y en a. Nous admirons le talipot géant, dont une seule feuille pèse jusqu'à 50kg, ainsi que les perroquets, flamands roses, colibris, sucriers et ouassous qui ajoutent encore de la couleur au tableau.


Et le clou de la visite, c'est la grande serre aux lobris, de jolies perruches vertes, rouges et bleu vif : les enfants leur tendent un gobelet rempli de leur nectar favori et les oiseaux viennent se poser sur leur tête, leurs bras, leurs épaules.. Eponine rit aux éclats et Sidonie, surexcitée, manque d'arracher la queue d'un des volatiles qui avait eu l'imprudence de s'approcher d'elle.




Sur la plage de Ferry, nous observons entre deux baignades les familles Guadeloupéennes qui se détendent autour de leur traditionnel "carry pique-nique" dominical.

Jour 7
(5 novembre)

Après un petit-déjeuner enchanteur parmi les colibris et autres "sucriers", nous visitons la distillerie Séverin confortablement installés dans un petit train qui parcoure le vaste domaine en dispensant des commentaires plutôt intéressants. Les aigrettes neigeuses se promènent rêveusement autour des bassins à ouassous, les champs de canne à sucre et d'ananas défilent et la roue à aube fonctionne encore. La dégustation de Ti' Punch, planteur et diverses sauces piquantes se fait dans une bonne humeur communicative et nous repartons le coffre lesté de plusieurs litres de vieux rhum.


La marché aux épices de Pointe-à-Pitre nous déçoit beaucoup : trop touristique, trop raccoleur, trop agressif. Le marché du Petit Port est, lui, plus authentique et nous y achetons quelques fruits ainsi que des gousses de vanille. Nous déjeunons sur le pouce dans un snack face au port et admirons quelques très belles cases blanche et rose vers le centre ville. Les filles repartent de la capitale ravies avec une tenue antillaise : une petite robe à bretelle pour Sidonie et un ensemble jupe-bustier pour Eponine.

Nous poussons jusqu'à la plage de Sainte-Anne sur Grande-Terre : elle est effectivement belle avec son sable blanc et ses eaux turquoises peu profondes mais elle est aussi très étroite et bondée de touristes. Cela n'empêche pas les filles de faire des chateaux de sable et de s'amuser dans l'eau avec leurs nouveaux copains. Bientôt, le tonnerre gronde au loin sur Basse-Terre et après avoir dégusté un sorbet coco, on reprend la route dans les embouteillages de fin de journée.
Nos valises faites, nous savourons notre dernier dîner et faisons nos adieux à Emilia, la patronne du restau, et sa famille, espérant bien revenir à Habitation Grande Anse pour profiter une nouvelle fois de leur accueil et de leur cuisine fabuleuse!


Jour 8 & 9
(6 & 7 novembre)


Dernier jour et lever très tôt pour partir en balade avec Nico Excursions. Nous prenons le bateau à Sainte-Rose et naviguons jusqu'à l'Ilet Blanc, grande bande de sable blanc perdu au milieu de la mer. Près de la barrière de corail, nous jetons l'ancre et sortons masque et tuba pour admirer les balistes, perroquets, demoiselles, etc. J'aperçois même un barracuda. Arrivés à l'Ilet Caret, petite île paradisiaque aux eaux translucides, nous dégustons un planteur les pieds dans l'eau. Hum...

L'excursion se termine par la visite de la Mangrove, zone garnie de palétuviers en pleine mer. Le soleil tape dur et Régis et moi en auront encore un souvenir cuisant plusieurs jours après notre retour à Paris.

Une dernière bière Carib avalée, je prends avec Eponine mon ultime bain dans la piscine et toutes deux béates, nous savourons cet instant.
Avant de reprendre l'avion, nous aurons juste le temps de visiter le cimetière de Morne-à-l'eau, gigantesque damier noir et blanc, scintillant au coucher du soleil.

Le vol du retour est sans histoire, les filles dormant comme des anges, Sidonie dans son berceau suspendu et Eponine affalée sur son siège.


Epilogue : destin d'un plâtre

C'est avec apréhension qu'Eponine reprend le chemin de l'école ce jeudi 8 novembre : elle est persuadée que ses copains vont se moquer de son plâtre. Pour la rassurer, je l'accompagne dans la cour et les enfants de sa classe m'entourent :
- T'es notre nouvelle maîtresse?
Comprenant que je suis la maman d'Eponine, ils veulent tous savoir ce qui lui est arrivé et commentent avec excitaton et gentillesse :
- Moi aussi, j'ai eu un plâtre au bras!
- Moi, j'en ai eu un à la jambe car j'étais tombé de moto avec mon papa!
- Moi aussi, moi aussi!

Ils ont tous l'air tellement enthousiastes d'avoir eu un plâtre qu'Eponine est toute fière du sien, qu'elle arbore désormais tel un trophée. Elle rentre le soir ravie, montrant son bras tout décoré de dessins d'enfants.
Bien que gauchère et donc handicapée, elle n'a renoncé ni à écrire, ni à dessiner, activités qu'elle fait désormais de la main droite.

Le lendemain, un médecin de l'hôpital Jacques Cartier - qui, coïncidence, a fait son service militaire au CHU de Pointe-à-Pitre et qui, de son propre aveu, "n'en a pas gardé un souvenir ému" - lui pose un plâtre en résine tout neuf, plus léger et plus fin.
Quinze jours plus tard, ce même médecin lui retire en tirant doucement dessus.
Depuis, le plâtre trône, intact, comme une relique sur le bureau d'Eponine, qui reprend progressivement sa petite vie de gauchère.