samedi 7 février 2009

Mamie à la clinique

Souffrant d'une infection du poumon et d'une diminution de sa capacité respiratoire, ma grand-mère est hospitalisée depuis une semaine dans une clinique ultramoderne de St Rémy-les-chevreuse. Elle dispose d'un appareil à oxygène et passe une bonne partie de ses journées à se reposer dans un fauteuil ou dans son lit.
Malgré la neige qui tombe drue, je décide de profiter de mon samedi pour aller lui rendre une petite visite.
A mon arrivée, elle semble surprise et met quelques instants à me reconnaître pour de bon mais très vite, elle engage la conversation et me demande des nouvelles des enfants. Elle sourit de plaisir à la vue des dessins des filles que je lui ai apportés, admire celui d'Eponine et commente joyeusement les gribouillages de Sidonie.
A certains moments, elle manifeste un intérêt quasi obsessionnel pour de petits détails de sa vie à l'hôpital et les minuscules contrariétés du jour la perturbent plus que de raison mais dans l'ensemble, elle a toute sa tête et fait beaucoup d'efforts pour être autonome et stimuler sa mémoire.
Elle me raconte avec animation des épisodes maintes fois évoqués des aventures de Pépé pendant la guerre et lorsqu'un nom d'homme ou de lieu lui échappe, elle hoche la tête :
- Dommage que ton frère Nicolas ne soit pas là, lui, il se souviendrait de tous les détails...

Un vieux monsieur aux épais cheveux blancs et au regard perçant passe la tête dans l'embrasure de la porte et, de sa démarche hésitante, pénètre dans la chambre. C'est un patient qui, aux dires d'une aide-soignante, aime se balader dans les couloirs et aller là où bon lui semble. On lui demande s'il sait où est sa chambre. Il pointe un doigt décharné vers le lit de Mamie en murmurant :
- Là!
Il se dirige ensuite vers la porte-fenêtre, qui donne sur un petit square et entreprend d'ouvrir les deux battants. On l'en dissuade :
- Vous ne pouvez pas aller dehors, Monsieur : il neige, et vous êtes en chaussons!

Il se ravise et silencieux, va s'asseoir sur un fauteuil en face de ma grand-mère. Il semble apaisé d'être là.

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