mardi 10 février 2009

Voyages voyages

8h35. De retour de l'école où je viens d'accompagner Eponine, je m'apprête à rentrer chez moi quand j'aperçois, sur le trottoir d'en face, un monsieur à lunettes descendre d'un taxi.
L'homme, la soixantaine fringuante, semble joyeux, rempli d'énergie positive, et, fait surprenant en cette saison, son visage est extrèmement bronzé. Dans cette atmosphère glaciale et humide, il ne porte qu'une veste assez légère mais ne paraît pas incommodé par le froid. Le chauffeur lui tend aimablement sa grosse valise à roulette et le salue de la main. Tandis que son client s'éloigne d'un pas décidé, le conducteur le regarde partir, bienveillant. Ses yeux brillent et il sourit sous sa moustache. Puis il s'allume une cigarette et la fume voluptueusement, adossé au coffre de sa voiture. Entre ces deux hommes qui, somme toute, ne se connaissent pas et ne se reverront probablement jamais, il flotte comme un parfum de connivence.
Je ferme les yeux et les imagine, quelques minutes auparavant, en train de discuter avec animation dans le taxi. Ils reviennent de l'aéroport d'Orly (à moins que ce ne soit de Roissy?), où le client a atteri tôt ce matin en provenance du Maghreb ou de tout autre destination chaude et exotique. Le client était avide de partager ses impressions de voyage et le chauffeur ravi de cueillir au vol des bribes de dépaysement. Ils ont échangé, complices, divers propos sur les souks, les femmes et l'odeur de la mer. Et mine de rien, ils ont retardé le plus possible le moment où l'hiver, la vie normale et la première cigarette les rattraperaient tous les deux.

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